Quelque part un aigle, le 29e album studio ( 6313 307) de Johnny, sort le 1er février 1982.
Et deux 45T :
- Montpellier et La caisse sorti 19 février 1982 (6010 503)
- Solo una Preghiera (Ave Maria) et Mon Amérique à moi sorti le 27 mai 1982 (6010 565)
Quelque part un aigle explore des thèmes à contre pied de ceux qui sont habituels à Johnny faisant disparaitre le rockeur dur au cœur qui saigne. Johnny se « met en boîte » dans 4 chansons :
T’es qu’un perdu qui se casse – t’est jamais qu’une mauvaise race (La caisse)
Je serai sage ou du moins c’est ce que les gens penseront – mais au fond tout au fond – quelque part du font d’un trou quelque part du fond d’un lit – je préparerai en douce ma dernière grande connerie (Sage pour vous)
Le doc m’a dit toc toc à 150 – ton cœur devrait se faire pote avec une ambulance – à force de battre à ce tempo il va te claquer dans la peau – un jour tu vas craquer moi ça ma fait marrer. (Montpellier)
Quant sexuellement parlant j’suis un peu déprimé – les fantasmes en lambeaux et le corps épuisés – pas besoin d’infirmière toute nue sous sa blouse – quant je marche à côté de mes shoes j’me fais une cure de Blues (Cure de Blues).
Côté musique, le son des guitares se fait plus hard, plus agressif. Les cuivres – véritables marque de fabrique du son Hallyday depuis Le pénitencier de 1964 – disparaissent, sauf quelques touches de saxophone, cédant la place aux claviers et synthétiseurs.
Il est à noter que Johnny collabora à la composition de toutes les chansons contenues dans cet opus. Cela ne s’était plus produit depuis Johnny chante Hallyday en 1965
Le public en est quelque peu dérouté et le disque, – malgré la présence de quelques morceaux rock comme La caisse, Donner du rock, L’hosto, – n’obtient qu’un succès relatif. Pas vraiment de tubes pour cet album au concept original. L’absence de cuivres rejetés au profit des sons apocryphes des synthétiseurs et l’abus du codeur de voix dénaturent l’âme de Johnny et son rugissement génial
Enregistré entre novembre et décembre 1981 à Los Angeles au studio Sound Connection Studio puis à Paris au Studio des Dames, ce disque marque la dernière collaboration de Michel Mallory avec Johnny. Parolier attitré depuis 1972, il ne signe ici que deux titres – Cure de blues et Décalage horaire – et il faudra attendre 1999 et l’album Sang pour sang pour retrouver une chanson signée Mallory.
Quelque part un aigle est côté pochette, la 4e et dernière dessinée d’un album – dessin de Jean-Claude Asse – après Rêve et amour en 1968, Hamlet en 1976 et Hollywood en 1979. – pas a mon gout.
Les titres
La caisse de Pierre Billon, Bruno Victoire et Johnny
Le clip est diffusé dans sa seconde version, dans l’émission platine 45 sur antenne 2 le 16 juin 1982
Sur TF1 le 14 mai 1982 dans « Formule 1+1 »
Sage pour vous de Pierre Billon, Bruno Victoire et Johnny, balade qui dépeint Johnny tel qu’en lui même, rocker agité et fantasque qui rêve d’être un oiseau. Mais toute la philosophie de Johnny y est :
Je préparerai en douce ma dernière grande connerie
On va vous en donner du rock de Boris Bergman, Bruno Victoire et Johnny
Mercredi matin de Pierre Billon, Mort Shuman et Johnny, balade sur l’histoire d’un détenu qui évoque la douleur, l’enfermement et les rêves d’évasion. Texte très littéraire, mise en musique avec un tempo très lent et un long solo de violon puis la fin abrupte au son glaçant des immenses portes qui se referment : dans l’univers carcéral de Johnny.
L’hosto de Pierre Billon, Bruno Victoire et Johnny, passablement trivial
Mon Amérique à moi de Philippe Labro, Éric Bouad et Johnny.
L’hymne du début est America (My Country ‘Tis Of Thee), l’hymne américain qui a précédé celui d’aujourd’hui The Star-Spangled Banner adopté depuis 1931. Malheureusement – eh oui – ça ressemble trop à God Save the Queen – l’hymne anglais !
La chanson donne un medley composé de ces classiques patriotiques américains que sont : America (My Country, ‘Tis of Thee), The Army Goes Rolling Along, When Johnny Comes Marching Home, Oh! Susanna, Yankee Doodle, America the Beautiful, The Battle Hymn of the Republic (Glory Glory Hallelujah)
Beau texte, un peu perturbant car dit par Johnny, qui donne une ambiance prenante.
Le clip
Montpellier de Claude Lemesle, Pierre Billon, Bruno Victoire et Johnny Hallyday. Efficace sur scène.
Au Palais des Sports en 1982
Cure de blues de Michel Mallory et Johnny, titre très accrocheur
Décalage horaire de Michel Mallory et Pierre Billon
Inoubliable Johnny Hallyday 
« Quelque part un Aigle » est loin d’être un album secondaire dans la discographie de Johnny. A l’instar du double vinyl « Hamlet », redécouvert plusieurs décennies après sa discrète sortie de l’année 1976, c’est un opus à écouter et à redécouvrir.
La collaboration de Johnny à l’écriture de tous les morceaux lui confère une certaine unité, principalement fondée sur l’humour et l’autodérision présents dans tous les titres, à l’exception de « Mercredi matin », aux accents dramatiques sur une musique quasi oppressante, et de « Mon Amérique à moi », qui fait quelque peu figure d’intruse dans cet album.
Quant à la réalisation, elle est certes très marquée par le son des années 80, un côté vintage qui n’est pas pour me déplaire.
Du côté des titres marquants, outre « Montpellier », je retiendrai pour ma part :
– « On va vous en donner du rock », un morceau délibérément hard dont les paroles sont à mettre en relation avec l’illustration de la pochette
– « Mercredi matin », formidable illustration des talents de chanteur-comédien de Johnny
– « Décalage horaire », un morceau à la structure complexe où alternent des couplets qui balancent et un refrain en mode rock lourd. A noter que ce dernier titre se termine sur un échange vocal censé se tenir dans un aéroport entre Johnny et une autre personne non identifiée, mais dont la voix n’est pas sans rappeler celle de son ami Carlos.
Enfin, Johnny a figuré plusieurs années dans le Livre des Records pour cet album qui fut disque d’or en 72 heures suite à l’annonce de son décès quelques jours avant sa sortie.
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