Ses débuts 1958–1960

Lee Halliday produit Johnny Hallyday, convaincu que le rock peut s’imposer en France.

Il fait envoyer d’Amérique par sa famille des disques de rock mais aussi des films en 8mm, et ainsi Johnny fait son apprentissage de rockeur et devient possesseur d’une collection de disques inconnus en France dont profitent de nombreux copains. Eddy Mitchell se souvient :

Johnny avait beaucoup de disques américains qu’on ne pouvait pas acheter en Europe, ce qui me permettait d’écouter tout ce que je ne pouvais pas écouter autrement, si bien qu’on passait souvent des après-midi et des soirées à écouter Presley, Bill Haley et des tas d’autres trucs qui n’étaient pas encore disponibles chez nous.

À partir de 1958, Johnny fréquente ce qui devient le lieu culte du rock français : le Golf-Drouot, ou Henri Leproux accueille ces adolescents fauches mais pleins d’espoir qui se reunissent devant un juxe box – un Select Matic 2000 – Elvis, Bill Haley, Gene Vincent, Litlle Richard et Chuck Berry. C’est un lieu ou les jeunes banlieusards des cités ouvrières baignent dans une musique nouvelle en pleine mutation. Tous ont un rêve américain dans la tète, portent les premiers 501 – jean cow boy des surplus américains.

Johnny l’immortalisera quelques années plus tard dans « Oui, Mon Cher » avec la fameuse phrase : Téléphonez-moi à mon club, Golf Drouot

Johnny Hallyday 1958 golf drouot

C’est là qu’il retrouve d’autres copains, futurs confrères et concurrents : Long Chris, Dany Logan, Jacques Dutronc et Eddy Mitchell, El Toro des Cyclones et Jean Veidly, futur Pirates. Des petits groupes qui ne feront que passer comme les lionceaux, les chacals, les rapaces ….

Petite anecdote souriante : le chanteur des rapaces est Willie Benton qui se rendra plus célèbre dans un autre domaine sous le nom de Robert Hue !

Sur le tremplin, s’inspirant de ses idoles, il chante des reprises et adaptations françaises du répertoire américain en s’accompagnant à la guitare.

En 1957 – 1958 Johnny suit des cours de chant avec Mme Fourcade qui le marqueront. Elle lui apprend a chanter avec le diaphragme, avec le ventre, jambes bien écartées pour prendre appui. C’est devenu sa marque de fabrique.

Ses premiers essais dans les cabarets parisiens pour lancer le rock sont des échecs, notamment dus au fait que les paroles de ses chansons sont en langue anglaise. Au Club Le Touriste, il a à peine le temps de terminer son audition à cause de sa tenue, chemise rose rayée turquoise et pantalon de cuir noir, et surtout  de son attitude qui choquent. A l’Orée du Bois, durant les changements de costumes de Desta et Lee, Johnny chante Elvis, sous les sifflets du public, mais dès le second soir, il est renvoyé.

Il est accompagné par Philippe Duval, son premier guitariste, élément essentiel. Il avait seize ans et Johnny quatorze lorsqu’ils ont débuté.  Ils se produisent au Moulin Rouge en intermède de l’orchestre.

Il cherche à se produire dans divers clubs mais, partout le scénario est identique : on le refuse ou il est remercié. Il obtient ses premiers succès publics en chantant pour les GIs dans les bases américaines.

C’est aussi en 1958 et 1959 que Johnny enregistre grâce a un ami 2 « maquettes » qui réapparaîtront découvertes en 1991 par Jean Yves Grillet, alors responsable des back catalogues d’Universal :

Le 15 juin 1959, jour de son seizième anniversaire, Johnny se voit décerné un diplôme de rocker ainsi libellé : « Le titulaire de la présente attestation a satisfait à l’épreuve de rock n’roll donné le 15 juin 1959, avec le concours de La Presse magazine, sur le tremplin du Golf Drouot. Ce diplôme de rock est délivré à la formation Johnny Halliday. Mention Formidable. » Le document portait les paraphes d’Henri Leproux, et de Roger Frey pour le magazine.

Pendant plus d’un an, Johnny et Lee vont d’une maison d’édition a une une autre, ne recevant que cette unique réponse : on vous écrira.

Au début du mois de juillet 1959, Jean-Philippe Smet et son complice Philippe Duval se produisent dans le cinéma Astor pour la plus grande joie de ses amis du Golf Drouot tout proche. 

Le 30 décembre 1959, Johnny participe à l’émission radio Paris cocktail de Pierre Mendelssohn, au cinéma Marcadet Palace, avec en vedette Colette Renard. Quand vient son  tour, il chante 4 chansons dont un « Tutti Frutti » plein d’énergie, accompagné par son ami Philippe Duval à la guitare et le batteur maison, « Blue Moon »,  et Let’s have a party. Il ondule du bassin, tombe à genoux cuisses écartées et buste droit – début du supplice pour ses hanches. Il n’a pas convaincu le jury mais le directeur du cinéma l’engage avec son guitariste comme attraction pendant une semaine entre les actualités et le film (30 a 45 mn et 7 chansons cf Philippe Duval). Sa répartie à la question de Mendelssohn s’il compte enregistrer prochainement : « Bien sûr, à condition qu’une maison de disques accepte de me signer. » attire l’attention de Gilbert Guénet et de Roger-Jean Setti, paroliers de Colette Renard, cosignant Jil et Jan. Ils veulent un jeune chanteur pour leurs textes. Ils le félicitent et  lui feront rencontrer Jacques Wolfsohn, directeur artistique de la maison de disques Vogue qui a lancé la carrière de Johnny en 1960 (le 16 janvier 1960, il signe son contrat), Françoise Hardy en 1962 et Jacques Dutronc en 1966

Une autre version de la rencontre avec Jacques Wolfsohn existe qui aurait plus ma faveur : elle est racontée par Jean Jacques Debout (). Il chantait en 1958 chez Patachou et Johnny l’accoste a sa sortie pour lui demander de l’emmener voir son idole Gene Vincent. Il l’entraîne dans une brasserie Les Pierrots de Montmartre pour attendre Desta et lui fait une démonstration devant un juxbox sur une chanson de Bill Halley, Rock around the clock. Johnny lui demande comment se lancer et Jean Jacques Debout, qui est chez Vogue, lui ramène le lendemain Jacques Wolfsohn et Claude Wolf. Wolfsohn le convoque a son bureau rue d’Hauteville avec son cousin Lee Halliday et lui signe un contrat.

(suite de la biographie)

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