Noir c’est noir (1966)

La chanson

Ce titre imprégné de détresse est une reprise de Black is Black de Los Bravos,  l’un des rares groupes pop-rock espagnols ayant eu un impact international, grâce notamment à ce grand succès en 1966

Il a fallu que Johnny pousse ce cri aussi fort pour que le public l’entende et revienne ému par cette prestation authentique.

Le rythme martial du rhythm’n’blues (Otis Redding, James Brown, …) garni de cuivres plus durs que ceux du « Pénitencier » sont comme une marche funèbre, un compte à rebours avant de commettre l’irréparable, le geste suicidaire.

Cette chanson a toute une histoire, et marque la première résurrection de l’Idole, tant artistique que personnelle.

Le succès est immédiat lors de sa sortie tant elle est en adéquation avec l’état d’esprit de Johnny Hallyday, en proie à de nombreux problèmes personnels et professionnels alors qu’elle n’a rien d’autobiographique. En effet, lorsque Georges Aber adapte Black Is Black, c’est son propre ressenti qu’il transcrit (« il avait subi l’occupation allemande, le pensionnat et, au début de sa carrière, l’échec et la galère. Introverti, Aber se libère le cœur par artiste interposé » ecrit Daniel  Lesueur).

Mais Johnny ne montre guère d’empressement à l’enregistrer malgré les insistances du parolier. Il est alors en studio à Londres en septembre pour des sessions d’enregistrements de l’album La Génération perdue.

Georges Aber dira : « Johnny était dans le studio à Londres, fatigué. Il a enlevé sa chemise et m’a dit : « Je la chante pour toi, car je suis trop crevé, mais comme tu t’es déplacé avec nous, je me dois de te faire ce plaisir. Mais on ne l’enregistrera vraiment que plus tard. » (dans « Johnny story » de François Jouffa)

Georges Aber fait signe à Lee Hallyday, réalisateur du disque, de l’enregistrer. Le groupe est prêt et Hallyday – qui l’ignore –  chante dans les conditions du direct, d’un seul trait avec une telle intensité que cette unique prise sera conservée.

Le 10 septembre, le chanteur, de retour à Paris, apprend que Sylvie Vartan demande le divorce. Ceci ajouté à de sérieux problèmes avec le fisc et à sa traversée du désert professionnel,  il tentra de mettre fin à ses jours

C’est dans ce contexte que le 20 septembre, 10 jours après la tentative de suicide de Johnny, que PHILIPS sort les 45 tours extraits de l’album.  Noir c’est noir est sur les radios chez les disquaires. Sur les quatre titres proposés (45 tours 37387745 tours 373882 et super 45 tours 437260), deux chansons seulement de Johnny – Noir c’est noir et La génération perdue -, les deux autres morceaux étant des instrumentaux de Mick Jones et Tommy Brown. On peut se poser la question de l’opportunité saisie par la maison de disques de profiter de l’actualité tragique du chanteur pour le diffuser à cet instant ( Daniel Lesueur, citant Georges Aber, écrira même « Quelqu’un de Philips m’a appelé : […] nous devons sortir un disque pour profiter de l’impact médiatique du suicide; pouvez-vous nous dire ce qu’il y a dans les bandes de Londres ?  » J’ai aussitôt pensé à ma chanson qui était de circonstance […] Philips a trouvé très bonne l’idée de sortir mon titre et ils l’ont mixé sans moi.« )

Johnny Hallyday est de retour à Londres du 30 septembre au 4 octobre pour achever ses enregistrements.

Le 13 octobre à Évreux, il entame une tournée de quelques dates en guise de répétition générale, en vue de l’Olympia  le 18 octobre.

Certes e tragique événement médiatisé a donné un sérieux coup de fouet à sa carrière. Mais c’est surtout la véracité de ce texte qui colle à la peau de Johnny et qui a fait de ce morceau, enregistré avec l’énergie du désespoir,  un tube inoubliables, un succès phénoménal. Sylvie reviendra et l’album La Génération perdue sera une de ses meilleures ventes pour l’époque, en plus d’être un cru exceptionnel.

En dehors des 45 tours promo et de l’album La Génération perdue en 1966, le titre apparaitra :

en 1982, avec une nouvelle orchestration avec La Musique que j’aime

Et en live

  • dans Tilt, l’emission de M Druker le 5/10/66
  • en 1966
  • en 1966 à l’Olympia
  • en 1967
  • en 1967 à l’Olympia et au Palais des sports
  • en 1968 à Grenoble
  • en 1976 au Palais des sports
  • en 1993 au Parc des Princes
  • en 1998 au Stade de France
  • en 2000 à la tour Eiffel
  • en 2009 au Stade de France en medley
  • En 2015 a l’Accor Hotels Arena pendant le  Rester Vivant Tour

Il y a également un duo avec Cathjerine Lara en 1990

Il existe une version un peu curieuse dont le texte n’a plus rien a voir ni même le titre qui devient « Blanc c’est Blanc » : Johnny la chante en 1967 en Afrique du Sud pour souhaiter les voeux de nouvel an !!!

Les paroles

Noir c’est noir
Il n’y a plus d’espoir
Oui gris c’est gris
Et c’est fini oh oh oh oh
Ça me rend fou
J’ai cru à ton amour
Et je perds toutJe suis dans le noir
Et j’ai du mal à croire
Au gris de l’ennui
Et je te crie « Oh oh oh oh »
Je ferai tout pour
Sauver notre amour
Tout jusqu’au boutSi un mot peut tout changer
Je le trouverai, aaaouh !
Il ne faut plus en douter
Il faut essayer !Noir, c’est noir
Il n’est jamais trop tard
Pour moi du gris
J’n’en veux plus dans ma vie, oh oh
Ça me rend fou
De perdre ton amour
Je te l’avoue

Maintenant pour le sauver
À tout je suis prêt ! Wouaouh !
À l’instant de la vérité
Pourquoi en douter ?!

Noir c’est noir
Il me reste l’espoir
Oui gris c’est gris
Je n’veux plus d’ennuis
Ça vaut le coup de sauver notre amour
Rien que pour nous

De sauver notre amour
Rien que pour nous

Noir c’est noir
Il me reste l’espoir
Noir c’est noir
Il me reste l’espoir
Noir c’est noir
Il me reste l’espoir…

La musique est de Michelle Grainger, Anthony Hayes et Steve Wadey.

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