Palais des sports 1971

Au Palais des Sports de Paris du 21 septembre au 14 octobre 1971, le nouveau spectacle de Johnny, à l’inverse du précédent délaisse les effets visuels et met l’accent sur le son que l’on veut puissant. Une scène surélevée et un seul grand écran donnent un air de sobriété mais la sono est volontairement fracassante, les 50 haut-parleurs poussés dans le rouge font l’unanimité contre eux dans une presse sévère qui clame à l’unisson que le son est trop fort.

540 projecteurs sont requis, dont 240 en couronne lumineuse permettant 4 000 combinaisons d’éclairage.

Depuis deux ans, Johnny donne dans la tendance dure du rock et du blues anglo-saxons comme Joe Cocker. Longiligne, en jeans cloutés, cheveux sur les épaules, il vocifère à mille à l’heure le mal de vivre de sa génération en s’appuyant sur un orchestre servi par une sono poussée à fond. Le public est comblé et la presse contre “ce Hallyday devenu fou qui crache les flammes de l’enfer”.

La formation qui l’accompagne a changé avec

la fin des « New Blackburds », dont ne restent que les frères Ploquin aux trompettes
dans les chœurs, The Delta Ladies French, la présence de Nanette Workman – choriste recherchée qui chante pour les Beatles, Elton John, Joe Cocker (tournée “Mad Dogs and Englishmen”) et les Rolling Stones -, Madeline Bell, Doris Troy et Juanita Franklin
l’absence du guitariste Mick Jones – il joue et compose pour Johnny depuis 1965.
Le batteur Tommy Brown qui assume désormais seul la direction du groupe, dont une place plus importante faite aux cuivres.
Les guitares d’Azoulay et de Jerry Donahue (qui joue sur Flagrant Délit)
un nouveau saxophoniste, René Morizur (des MUSCLÉS) et le pianiste Jean-Marc Deuterre

Après un lâché de colombes qui accompagne l’entrée en scène de l’artiste, exécutant un signe de la paix, le tour de chant commence, par où il s’est achevé en 1969, avec Je suis né dans la rue suivi de Fils de personne.

Mais pendant 3 morceaux, il n’y a aucune interaction verbale entre Johnny Hallyday et le public, pas même un simple « Bonsoir ! ». Et Je suis né dans la rue est traînant et soul. Ce n’est qu’au quatrième morceau que Johnny lance

Je voulais vous dire qu’eux, elles, LUI nous sommes très très heureux que vous noyez avec nous. Nous sommes ici pour nous amuser avec vous. Il y a des chanteurs qui font ce métier comme un métier, comme un boulot. NOUS c’est une passion et un plaisir

Le récital compte 17 chansons, pour l’essentiel puisées dans les 2 derniers albums, Vie et Flagrant délit.

La fille aux cheveux clairs et Que je t’aime sont les deux uniques titres « lents » du répertoire.

Chaque soir, sur le Medley Rock’N’Roll en anglais qui clos le show, Johnny est accompagné au piano par Michel Polnareff qui, tournant le dos au chanteur sur scène, a fait visser sur son piano 2 rétroviseurs afin de pouvoir suivre le jeu de scène de Johnny.

Au cours de ce medley, on voit Johnny s’effondrer sur scène, on l’aide à quitter la salle, quand une annonce est faite : « On demande un docteur dans la salle, SVP » Johnny se redresse, écarte ceux qui le soutiennent et se rue sur le micro ! Ce n’était là qu’une « ruse cabotine » emprunté aux bonimenteurs des shows de rhythm and blues.

Jamais encore, le chanteur ne s’est produit à Paris sur une période aussi longue. Le spectacle est donné à guichets fermés, 160 000 spectateurs verront son show, parmi eux : Jean-Paul Belmondo, Ursula Andress, Claude Lelouch, Catherine Allégret, Jean Marais, Jeanne Moreau, le réalisateur américain Terence Young ainsi que l’acteur Kirk Douglas.

Le soir de la dernière, Johnny Hallyday prolonge la séquence Rock’N’Roll tard dans la nuit, enchaînant rock sur rock, il reste en scène plus de trois heures et demie.

Un album live, Palais des sports 71, sort en novembre.

Et c’est également au cours de la tournée et du concert que François Reichenbach fait un documentaire, J’ai tout donné, qui sort en 1972.